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DEUX ET DEUX FONT CINQ

Le professeur Baillon, de la Faculté de Médecine, avec lequel je déjeunais ce matin, m’en a affirmé la parfaite réalité.

Autre communication, pour laquelle le professeur Baillon n’a pas cru devoir se porter garant.

Mon correspondant a fait ses expériences à Londres, qu’il habite en ce moment, 15, Onslow Place S. W., dans un petit parc attenant à sa maison d’habitation.

Il a arrosé ses plantes avec des liquides de composition animale, soit du sang des bêtes, soit de l’eau dans laquelle on a fait bouillir des matières zoïques. (Et dans ce dernier cas, on a une occasion véritablement précieuse d’employer le mot bouillon de culture).

Un drosera (plante carnivore, comme chacun sait) fut arrosé avec du sang d’antilope. Après huit jours de ce traitement, le drosera filait un beau soir avec la rapidité du zèbre lancé d’une main sûre.

Une autre plante, arrosée avec de la soupe à la tortue (turtle soup), se mit à se promener dans le jardin, mais plus lentement, comme de juste.

Quant au court-bouillon, dans lequel on avait fait cuire des écrevisses, rien ne fut plus comique, dit mon correspondant — et je n’ai aucune peine à le croire — que de contempler des arbustes soumis à cet arrosage se mettre à marcher à reculons.

Mon correspondant ajoute d’ailleurs qu’il met la