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HOMMAGE À UN GÉNÉRAL FRANÇAIS

le général Poilloüe de Saint-Mars. Il est un des rares généraux français qui mêlent profondément aux choses du service un tout paternel souci d’humanité.

On peut dire de lui que c’est un littérateur rigolo, mais on ne saura jamais prétendre qu’il ne soit pas un brave homme.

Et puis, littérateur rigolo, pourquoi ?

Allons, mettons qu’il soit un poète bien personnel, et nous serons dans le vrai. Ç Est-ce pas d’un poète exquis, ce mot : La guérite, cet écrin de la sentinelle !

Sa sollicitude pour ses troupes amène, parfois, des épisodes réjouissants, témoin cette histoire que me contait, récemment, un officier du 12e corps.

L’année dernière, le général Poilloüe, entre mille autres circulaires, en consacrait une aux droits et aux devoirs des plantons aux cuisines.

Les plantons devaient s’occuper de ceci et de cela ; mais, par contre, ils avaient droit à ceci et à cela. Principalement, le cuisinier en pied devait remettre au planton, à chaque repas, une large tartine de moelle.

Or, il arriva qu’un planton éprouvait pour la moelle une aversion insurmontable. Mais, fort de la circulaire du général en chef, le cuisinier força l’infortuné à ingurgiter l’horrible corps gras.

Voyez-vous d’ici la scène racontée par Courteline ?{{|}}