vieux, t’as pas la trouille ! surtout c’t’année qu’il va me mettre au lycée.
— Qui ça, il ?
— Papa, donc.
— Tu me sembles bien irrévérencieux pour l’auteur présumé de ton existence.
— Tu trouves. Pourquoi donc que je serais révérencieux avec un bonhomme à qui que j’ai jamais rien fait et qui me boucle dans un bahut comme si j’étais une sale fripouille. Aussi, pour les devoirs de vacances qu’il m’a donnés à faire, il peut s’taper.
— Mais quand il s’apercevra que tu n’as rien fait…
— Il s’apercevra de rien. Maman et moi, nous lui montons le coup. Tous les samedis, il s’amène : — Pierre est convenable ? qu’il fait. — Mais oui, que maman répond. — Il fait bien ses devoirs ! — Mais oui. — Il sait bien ses leçons ! — Mais oui, mon ami.
— Elle a du toupet, ta maman !
— Ça, tu peux le dire ! Un vrai culot ! On le dirait pas, hein, avec son petit air ! Quand elle fiche des blagues comme ça à papa, j’ai envie de l’embrasser comme du pain… On dit que c’est vilain, le mensonge ; mais y a des fois où que c’est p’us chouette que la vérité, pas ?
— Je suis tout à fait de ton avis, et Ibsen aussi, dans le Canard sauvage.