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DEUX ET DEUX FONT CINQ

Pas une partie de son corps qui ne fût la proie d’une intolérable cuisson !

— Je ne peux pas dormir ! gémissait-elle.

Et mon ami lui répondit :

— Oui, c’est bête ce que j’ai fait là !… Demain, au lieu de chrysanthèmes, je te peindrai des pavots !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quelques jours plus tard je le rencontrai.

Chargé d’une brassée de fleurs acquises au marché Saint-Pierre, il remontait chez lui, tout en haut de la rue Lepic.

— Et ça va toujours bien ? dis-je.

— Tout à fait bien. Et toi.

— Triomphalement !

— C’est vrai. Tu as une mine superbe, avec un air de ne pas t’embêter autrement dans la vie.

— Pas lieu de m’embêter en ce moment. Si ça pouvait durer !… Et ta petite compagne ?

— Tout à fait mieux.

— Tu ne te livres plus à la peinture à l’iode sur son jeune corps ?

— Oh ! oui, c’est vrai !… Je ne pensais plus qu’elle t’avait raconté cette histoire… Eh bien ! mon vieux, c’est épatant, ce que c’est devenu ! La teinture d’iode s’est évaporée, mais les endroits où j’avais peint les fleurs sont restés d’un rose vif et chaud qui s’enlève si joliment sur le rose pâle de sa peau ! Tu n’as pas idée, mon garçon, de ce que c’est