Après lui avoir fait une grimace pour la faire rire — quand elle rit, ça lui met aux joues deux jolies petites fossettes — je lui demande :
— Que fais-tu ici, toute seule, jeune Émilie ?
La jeune Émilie me répond par un gazouillis qui ne me semble avoir rien de commun avec le langage humain.
Je réitère ma question. Émilie réitère sa tyrolienne.
À la fin, je réussis à noter les sons qu’elle émet :
— Ja tann tann tann tô nine.
Heureusement, sa tante, sa gracieuse tante sort du magasin et m’explique.
Émilie me disait tout simplement :
— J’attends tante Antonine.
Je ne m’en serais jamais douté.
Tiens, ça me fait penser que je déjeune, demain, chez Isnardon.
… Le docteur australien nous en a raconté une bien bonne, ce matin, au déjeuner.
On parlait de la grande discussion qui passionne, en ce moment, certains milieux :
« Est-il indispensable que les médecins sachent le latin pour vous prescrire un gramme d’antipyrine ou pour vous couper la jambe ? »
— Cette discussion, dit le docteur, me rappelle le plus extraordinaire pharmacien que j’aie vu de ma vie. En voilà un qui n’avait pas fait son éducation à