Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/96

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gomar. (Un pseudonyme, peut-être, qui cache une de nos personnalités les plus en vue.)

Laissons la parole à l’aimable correspondant no 2 :

« ….. Par goût autant que par hygiène, mon cher maître, je fais du pédestrianisme à outrance. Le Juif-Errant, dont vous faites votre Dieu, n’est, auprès de moi, qu’un grave cul-de-plomb.

» Pas de sport sérieux, n’est-ce pas ? sans entraîneurs. Or, mes minces ressources m’interdisent de rémunérer de tels tiers.

» Aussi, qu’ai-je imaginé ? Ne cherchez pas. J’ai imaginé de prendre comme entraîneur le premier venu, le dernier venu, n’importe qui, vous, le général Brugère, l’abbé Lemire, Carolus Duran, je m’en fiche.

» J’emboîte le pas de l’être choisi, et je m’en vais.

» L’être choisi s’aperçoit tout de suite du manège. Il accélère son allure. Moi la mienne. Et nous voilà partis, menant un train du diable.

» Des fois, je tombe sur un individu mal indiqué pour cette solidarité. Des cannes se brisent sur ma physionomie, de lourdes mains s’appesantissent sur mon faciès. Plus souvent qu’à mon tour, je rentre chez moi titulaire d’un visage qui n’est plus qu’une bouillie sanguinolente.

» Qu’importe ?

» Mais me voilà bien loin de mon record… J’y reviens.