— C’est ce que vous appelez le séparage.
— Précisément !… Les confetti gras sont trempés dans une solution de carbonate de potasse qui saponifie les matières grasses et les rend solubles. Il ne reste plus qu’à les laver à grande eau pour les débarrasser de toute réaction alcaline. Nous obtenons ce résultat au moyen du…
— Lavage à grande eau.
— Précisément !… Alors, on les remet à l’étuve, on les repasse au fer chaud…
— Et voilà !
— Vous croyez que c’est tout ?
— Dame !
— Eh bien ! vous vous trompez. L’opération est à peine commencée.
Une nuance d’effroi se peignit dans mes yeux. Le moment sonnait, d’ailleurs, de quelque solide cock-tail.
— Vous n’ignorez pas, reprit Cap, combien il est pénible de recevoir des confetti dans la bouche ou dans l’œil ?
— Croyez-moi, j’ai passé par là.
— Désormais, ce martyre sera des plus salutaires. Les confetti, au moyen d’une imbibition dans des liquides de composition variable, acquièrent des densités différentes. Les plus lourds se dirigent vers la bouche, les plus légers dans l’œil (ce calcul fut, entre parenthèses, d’une détermination assez délicate).
— Nulle peine à le croire.
— Les confetti destinés à la bouche sont imprégnés de principes balsamiques infiniment favorables au bon fonctionnement des voies respiratoires.
— Laissez-moi parier que les confetti destinés aux yeux sont chargés d’éléments tout pleins de sollicitude pour les organes de la vue.
— Ah ! on ne peut rien vous cacher, à vous !
— À la vôtre, mon cher Cap !
— Dieu vous garde, mon vieil Allais.