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L’ARROSEUR

porte quelle heure de jour et de nuit, une tasse de lait aussi exquis que celui qui sort du pis de la vache.

La société qui s’occupe de cette denrée (The Illimited Pneumatic Milk) possède dans toute la campagne périphérique de Hotcock-City une quantité énorme de vaches vivant à air libre ou dans des étables admirablement tenues au point de vue de l’hygiène.

À certaines heures, deux fois par jour, ces braves bêtes, averties par une sonnerie électrique à laquelle elles sont habituées, viennent se ranger dans un vaste hangar ad hoc et poser leurs mamelles sur des appareils en cristal, sorte de larges coupes communiquant à des tubes qui aboutissent eux-mêmes à une formidable machine pneumatique fonctionnant au centre de la ville.

En quelques coups de piston, les vaches sont débarrassées de leur lait. Ce dernier se trouve dirigé, par la force du vide, vers un immense réservoir central, où il est mis sous pression et envoyé vers les cent mille clients de The Illimited Pneumatic Milk.

Comme vous le voyez, mesdames et messieurs, il n’y a dans cette opération rien de sorcier ni même de bien compliqué.

Qu’attend-on pour en faire autant à Paris ? Que M. Paul Leroy-Baulieu ait compris un mot à la question sociale ? Ce sera bien long !

J’ai parlé plus haut de Jésus-Christ avec une familiarité qui va peut-être offusquer quelques lectrices.

Cela m’amène à féliciter le clergé américain de l’entrain avec lequel il adopte, à peine parues, toutes les fantastiques applications de la science actuelle.

Ah ! ce n’est pas pour les prêtres de Hotcock-City que William Draper pourrait récrire ses Conflits de la Science et de la Religion !