Page:Allais - L’Arroseur.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Royal-Cambouis


Il est de bon goût dans l’armée française de blaguer le train des équipages. Très au-dessus de ces brocards, les bons tringlots laissent dire, sachant bien, qu’en somme, c’est seulement au Royal-Cambouis où tout le monde a des chevaux et voitures.

Chevaux et voitures ! cet horizon décida le jeune Gaston de Puyrâleux à contracter dans cette arme, qu’il jugeait d’élite, un engagement de cinq ans.

Avant d’arriver à cette solution, Gaston avait cru bon de dévorer deux ou trois patrimoines dans le laps de temps qu’emploie le Sahara pour absorber, sur le coup de midi et demi, le contenu d’un arrosoir petit modèle.

Le jeu, les tuyaux, les demoiselles, les petites fêtes et la grande fête avaient ratissé jusqu’aux moelles le jeune Puyrâleux. Mais c’est gaiement tout de même et sans regrets qu’il « rejoignit » le 112e régiment du train des équipages à Vernon.

Un philosophe optimiste, ce Gaston, avec cet devise « La vie est comme on la fait ».

Il se chargeait de la faire drôle sa vie, drôle sans relâche, drôle quand même.