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L’ARROSEUR

café chez des gens qu’on avait dîné… Maman s’était pas aperçue… Et moi, avec tout ça, j’pouvais pas m’endormir… Alors, je pensais à des tas de trucs… Tout d’un coup, je me suis dit que c’était idiot d’employer le pluriel quand on n’avait affaire qu’à un seul type… Tu comprends ?

Vous vous croyez donc des tas ?

— À merveille.

— Vois-tu, comme c’est bête, quand on n’a qu’un bonhomme ou qu’une bonne femme devant soi, de lui dire : Comment allez-vous ? Comme s’ils étaient trente-quatre mille. Alors, je me suis juré, dans ce cas-là, de lui dire, au bonhomme, ou à la bonne femme : Comment vas-tu ? Ceux que ça épate, je leur dis : Vous vous croyez donc des tas ?

— Bravo, mon vieux Pierre, tu te rapproches de la nature et de la raison.

— Et puis, tu sais, on m’en fait pas démordre !… Ainsi, l’autre jour, en plein catéchisme, j’ai tutoyé le ratichon.

— Le… ?