Page:Allais - Le Boomerang.djvu/196

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son article par cette phrase, dont le souvenir, après tant d’années, m’est aussi fidèle qu’au jour où je la lus pour la première fois :

« … Mais je suis forcé de m’arrêter, car ma plume se cabre dans ma main au récit de telles turpitudes. Je prie les lecteurs de vouloir bien m’excuser. »

Eh bien, tel que vous me voyez aujourd’hui, je suis dans l’exactement même situation qu’à l’époque, notre vieux Chincholle.

Je n’avais pas plutôt tracé sur le papier blanc l’intitulé de ce chapitre que je sentis dans les doigts d’abord, puis dans la main jusqu’au poignet, ensuite dans l’avant-bras, et enfin se prolongeant jusqu’au deltoïde, comme de petites secousses suivies d’un engourdissement des plus pénibles.

Mais moi, au travail, je suis un type dans le genre de Sénèque, qui disait, à tout bout de champ : « Ô douleur ! tu n’es qu’un mot ! »

J’appelai donc à moi toute mon énergie, afin de poursuivre ma tâche.