Page:Allais - Le Boomerang.djvu/198

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de trente ou quarante mille exemplaires !

C’était bien ma veine !

Alors, que faire ?

Qu’auriez-vous, vous qui souriez, fait à ma place ?

— J’entends une voix dans l’assistance :

— J’aurais changé de porte-plume !

Telle est bien la manœuvre que je m’empressai d’exécuter.

Peine perdue.

Mon deuxième porte-plume, lequel je choisis en liège, ne fut pas long à me prouver que sa légèreté matérielle n’avait en rien déteint sur son moral.

De même en alla-t-il avec un porte-plume en fer.

Une idée : si j’essayais du crayon !

Ah ! ben ouiche !

Plutôt que d’écrire les caractères que je lui imposais, la mine se brisa net, avec un petit bruit sec qui en disait plus long que les plus longs discours de l’honorable sénateur Bérenger.

Les touches d’un robuste dactylographe, à grands frais amené de la ville voisine, me mirent au bout des doigts de telles