Page:Allais - Le Boomerang.djvu/206

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— Népo, dit Marie-Blanche avec gravité, Népo, tu as gagné…

Le Briquetier regarde l’heure.

— Pas encore, belle chérie, badine-t-il, pas encore ! Il n’est que la demie. Mon pari ne sera gagné que dans une demi-heure. À quatre heures juste !

Mais l’inconsciente enfant (ô infantes de Velasquez avec de délicieuses collerettes de dentelles, pourquoi pensé-je à vous, en ce moment ?) l’inconsciente enfant proclame de sa menue bouche de bébé en sucre :

— Crois-tu que j’allais attendre à la dernière minute ! Népo, tu as gagné ! Népo, tu as gagné !… Je te dis que tu as gagné !

— Gagné ? fait Népomucène, dont les yeux commencent à papilloter d’inquiétude. J’ai gagné, dis-tu ?

— Eh, oui, mais je t’assure que j’ai passé là un moment bien pénible.

— Un moment, dis-tu, bien pénible ?

Il y a, Népomucène Le Briquetier le sent, de la catastrophe dans l’air.

— Mais bast ! n’y songeons plus, s’é-