Page:Allais - Le Boomerang.djvu/28

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— As-tu tes allumettes ? demanda-t-il toujours avec le même accent[1].

Guillaume, qui avait songé à s’empoisonner par le phosphore, possédait une boîte d’allumettes.

Insuffisantes à donner la mort, ces allumettes, amorphes et anciennement suédoises, étaient susceptibles d’allumer une pipe.

Ainsi fut fait : Guillaume appliqua l’enflammé bout de bois sur le fourneau de faïence, la bouche du joyeux Crocodile hollandais fit quelques aspirations, pfeu, pfeu, pfeu, et voilà notre pipe allumée !

Alors, derechef :

— Voulez-vous, monsieur, écarter votre ligne, pour que je me précipite dans ce fleuve boueux et que j’y trouve l’oubli définitif ?

Le Crocodile, ex-Tête-de-Mort, se leva d’un bond, jeta sa ligne sur le sol, et, interposant sa carrure gigantesque entre le fleuve et Guillaume, déclara :

— Ne tis tonc pas te pêtises, je suis le Profitence. Fiens técheuner afeck moi.

  1. Le même accent ! Réflexion plutôt saugrenue de l’auteur.