Page:Allais - Le Captain Cap.djvu/218

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Ce parfait gentleman me contait l’histoire suivante :

— Vous voyez en moi un homme chargé d’une mission bien douce. Ayant perdu la somme de cinq francs par la faute d’un pari conclu avec Mme  X. Y. Z.[1], je me suis vu refuser la remise de l’enjeu : « Gardez ce dollar, m’intima la jolie gagnante, et remettez-le de ma part au premier pauvre véritablement intéressant que vous rencontrerez… »

Cap en était là de son récit quand soudain se présenta devant notre table cet indigent que connaissent si familièrement tous les Parisiens accoutumés à fréquenter de la Madeleine à l’Opéra.

Je veux parler du sinistre homme roux à cheveux plats dont la marche, l’inlassable marche, n’est que la succession jamais arrêtée des secousses de tout un corps ataxique.

— Tiens, s’écria Cap, le voilà mon pauvre ! Extirpant de sa poche la pièce de cinq francs, mon ami la colla dans le creux agité de la trépidante main.

Soudain… je n’en croyais pas mes yeux…

  1. Ces initiales dissimulent à peine la personnalité d’une très charmante jeune femme de la colonie étrangère : Mme  Xavière Yturbide-Zevaco.