Page:Allais - On n'est pas des bœufs.djvu/34

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Ce peintre m’a donné, ces jours-ci, un magistral Tas de fumier à midi et demi (il précise), que j’ai immédiatement placé dans ma chambre à coucher.

Chaque soir, au moment de me mettre au lit, j’ai grand soin de couvrir mon tableau d’une toile opaque, sans quoi, le sommeil, chassé par tant de clarté, déserterait ma couche.

Or, ce jeune artiste travaille sans jamais s’abriter du grand parasol cher à ses congénères.

Le matin, en le voyant partir sans ombrelle, je ne manquais jamais de le blâmer :

— Vous verrez que vous attraperez un bon coup de soleil !

Mais, lui, de me répondre sommairement :

— N’ayez pas peur, j’ai un truc.

Un jour, la curiosité me prit de connaître son fameux truc.