Page:Allais - Pas de bile.djvu/109

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— Mais, espèce de vieux daim, quand on vide une terrine sur un trottoir, vous n’avez qu’à passer sur l’autre.

— C’est ce que je ferai désormais ! se contenta de répondre, dignement froissé, M. Onézime Lahilat.

Et c’est ce qu’il fit désormais, comme il l’avait dit.

Lui, dont c’était l’habitude d’aller à la gare par le trottoir de droite de la Grand’Rue, et d’en revenir par le trottoir de gauche, il prit la farouche coutume d’adopter le trottoir de droite, qu’il allât quelque part, ou qu’il en vînt.

Et puis, un cas de conscience lui bourgeonna vers le cœur.

Avait-il vraiment le droit d’adopter, à la suite d’une frivole rancune, le côté d’une rue, plutôt qu’un autre ?

N’en prenait-il pas bien à son aise ?

Telle la bouée, que dis-je ? telle l’épave,