Page:Allais - Rose et Vert-Pomme.djvu/225

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Mais ma timidité ! Ma chameau de timidité !

L’amour me disait : Vas-y, imbécile ! Va la voir, ta chérie !

La timidité objectait : Tu n’iras pas ! tu n’iras pas !

L’amour fut génial : Ah ! tu ne veux pas y aller ? Eh ! bien, nous verrons !

Et pour me contraindre à aller ICI et voir ma belle, l’amour me fit acheter une bouteille d’eau de Sedlitz d’une force de trente chevaux, au bas mot.

Ah ! cette fois, la timidité s’avoua vaincue.

J’allai ICI et j’y retournai, et j’y revins encore, et, chaque fois, je m’enchantais à la vue de l’adorée.

Que comprit-elle à ce manège ? que je l’aimais ? Eh, parbleu !

Et voici que ses regards se firent gentils comme tout, pleins d’accortises, avec, au fond, un peu de rigolade.