Page:Allais - Rose et Vert-Pomme.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

me sentis arrêté par la manche et par une jeune fille aux cheveux roux.

» M’ayant, avec une grâce charmante et en excellents termes, invité à venir passer un instant en son agréable compagnie, je ne crus pas devoir la chagriner par un refus, que rien ne motivait d’ailleurs, et je la suivis dans sa chambrette.

» Tout en prenant une tasse de thé, nous causâmes. Elle me conta sa vie.

» Fille d’un personnage politique important et gênant — il avait des dossiers plein une malle — que le gouvernement avait empoisonné pour s’en débarrasser, elle était restée seule au monde, avec la croix de sa mère. Ce bijou, hélas ! ne l’avait qu’insuffisamment protégée, puisque, maintenant, après mille vicissitudes, elle en était tombée à exercer le métier, de moins en moins lucratif, de marchande d’amour.