table. Toutefois, la phrase sonnait funèbrement à mon oreille, plus funèbrement encore que cette autre : « Tu sais, j’en ai soupé, de ta fiole ! » qui revenait en ses propos avec une égale fréquence.
» Hier, ma douce amie s’était montrée particulièrement nerveuse et insupportable. J’avais eu le tort de lui payer à déjeuner le matin, et comme l’appétit vient en mangeant, elle avait la prétention de dîner !
» En proie à ses gourmandes préoccupations, Angélique grognait entre ses dents : « Tu sais, j’en ai soupé, de ta fiole ! »
» Très embêté, j’eus l’envie de la gifler.
» Toutefois, — Messieurs de la Cour, Messieurs les jurés, notez ce détail — j’eus assez de force pour dissimuler. J’observai même, spirituellement :
» — Puisque tu as soupé de ma fiole, tu ne dois plus avoir faim !