Page:Allais - Silvérie.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

trompé personne au bout de si peu de temps. D’ailleurs, je me connais en femmes. Et je vois bien qu’elle ne m’a jamais été plus aveuglément attachée.

Muche

Ça, c’est vrai.

Dodeau

C’est une femme de tout repos. Parée de toutes les grâces du corps, on dirait que la nature prévoyante ne lui a refusé les dons de l’esprit que pour qu’elle soit plus absolument belle.

Muche

Oui. Elle a ce qu’on appelle en termes de métier une jolie pochetée. On ne l’a jamais vue refuser un bateau ; elle les accepte tous avec une douceur inépuisable. Te rappelles-tu quand on lui a fait croire, à la gare du Nord, que dans les trains de luxe les bouillottes étaient chauffées avec du punch au kirsch…

Dodeau

C’est, je te le répète, une femme de tout repos. Je dois te dire, d’ailleurs, que je l’ai mise au courant du pari. Ce n’était pas absolument loyal sans doute… mais comme on n’en avait pas parlé dans les conventions…

Muche

Comment lui as-tu dit ça ? Tu lui as bien expliqué ?…