Page:Allais - Vive la vie.djvu/59

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d’autrefois en une vieille chipie dévotieuse et sans charmes.

Retirée dans son antique castel de la Hautebeigne, ne recevant plus personne, si ce n’est le digne abbé Raoul, la marquise s’occupait, exclusivement et sans relâche, du salut de son âme.

J’ai connu bien des directeurs de conscience, mais je dois déclarer n’en avoir jamais rencontré un seul capable de décrotter les souliers de l’abbé Raoul. Une conscience dirigée par l’abbé Raoul était une conscience bien dirigée, volatile rare par ces temps de honteux compromis et de complaisances vénales.

Sans être un bébé, l’abbé Raoul était jeune encore ; quelque chose comme vingt-sept ou vingt-huit ans.

Bien de sa personne, solidement râblé, l’air humble et doux, l’abbé Raoul n’avait pas de nom de famille parce que, comme on