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le même rôle à l’air. Cette tendance à l’unité est caractéristique de l’Hermétisme. Pourtant, les philosophes grecs finirent par penser qu’un élément aussi concret ne pouvait pas être le principe de toutes choses. Parménide et Héraclite (VIe s.) enseignèrent que le feu est l’essence de toute vie. Mais ce n’est qu’avec Empédocle (Ve s.) qu’on voit enfin se préciser la théorie des quatre éléments, théorie qui devait durer jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Remarquons, d’ailleurs, que cette théorie n’exclut pas du tout l’idée de l’unité de la matière, car Pythagore soutient que les quatre éléments sont susceptibles de se transformer les uns dans les autres. Platon précise davantage (Timée) avec la notion de l’éther et il admet comme matière première unique cet éther qui n’est ni feu, ni air, ni terre, ni eau, mais qui est capable de revêtir toutes ces formes. Il établit donc définitivement la théorie de l’alchimie sur la matière.

Il est plus difficile de préciser à quel moment les Grecs ont passé de la théorie à la pratique et essayé la transmutation. On a voulu voir, dans certaines de leurs légendes, des allégories alchimiques. C’est ainsi que le lexicographe Suidas, au mot Δέρας dit que la toison d’or rapportée de Colchide par l’expédition des Argonautes n’était qu’un livre de parchemin contenant le secret de faire de l’or au moyen de la chimie (περιέχον ὅπως δεῖ γίνεσθαι διὰ χεμείας χρυσόν). C’est encore ainsi que le mythe de Jupiter se transformant en pluie d’or serait pour Pernetty (Fables égyptiennes et grecques. Paris, 1786) une allusion