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CHAPITRE VII.

AGITATION DE FLORENCE, CAUSÉE PAR SAVONAROLA ET LES MOINES. — ÉPREUVE DU FEU, PRÉPARÉE ET MANQUÉE. — REVERS, CHUTE ET MORT DE SAVONAROLA.


Savonarola, en s’opposant pour assurer la mort des ennemis publics, à l’observation d’une loi qu’il avait faite, exalta contre lui le parti contraire, et se fit tort auprès de beaucoup de citoyens. Si naguère il avait fait porter cette loi d’appel au grand conseil, des condamnations de la seigneurie, de la quarantie et du conseil des huit, c’est qu’il trouvait la justice des crimes d’état toujours dangereuse. L’intérêt des révolutions, il est vrai, peut l’emporter par moment sur ces lois d’indulgence. C’est ce que pensa alors Savonarola, mais les circonstances étaient-elles d’une violence à le justifier ? Il fut poussé par la crainte que les cinq condamnés, s’ils étaient absous par le grand conseil, ne donnassent une force prodigieuse au partis des Médicis et à son chef, sans cesse armé autour du territoire florentin. « Cet événement fut d’autant plus remarqué, dit Machiavel dans ses discours sur Tile-Live[1], que le frère, dans tant de prédications qu’il fit depuis la violation de celte loi, ne blâma ni n’excusa jamais qui l’avait violée, comme s’il ne voulait pas blâmer une chose qui lui avait été profitable, et qu’il ne put l’excuser. Ce qui faisant connaître son ame ambitieuse et partiale, lui enleva sa réputation et lu causa de grandes difficultés. »

(Nov. et déc. 1497). La seigneurie de Paulantonio Soderini était favorable au frère Jérôme, mais la division des magistrats entre eux, la division du clergé et des couvens, effrayés des censures de Rome, font naître à tout moment

  1. Livre 1er , au chapitre 49 sur le mauvais exemple qu’on donne en n’observant pas une loi faite, surtout si on est soi-même auteur de la loi.