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tressaillir ses concitoyens de Naples aux Alpes : il prévoyait cela dès le Serchio. Carrière de l’Italie au moyen âge, toute personnelle, gloire isolée, dont le pays ne profitait que par morceaux, et qui n’éleva Lucques que pour un jour.

Les Français, sous les ordres de Labourdonnaie, viennent de s’emparer de Madras. Un jeune Anglais, employé dans l’Inde, fils d’un procureur de campagne, appelé aux armes pour se défendre contre le bombardement des Français, les voyant vainqueurs, se déguise en maure et se sauve au fort Saint-David, à cent mille de Madras.

Ce jeune procureur, ce soldat, ce maure, était Clive, depuis enseigne, lieutenant-colonel, vainqueur et gouverneur des Indes. Habile et héroïque, il décida, étant lieutenant-colonel, qu’il fallait marcher, de Madras, au secours de Calcutta, n’ayant que vingt-quatre ans, 900 européens, 1,500 indiens et quelque force navale ; il reprit Calcutta, enleva Chandernagore aux Français[1], fonda l’empire des Anglais dans l’Inde, acquit à la compagnie depouillée le pouvoir d’investir les Nabobs dans le Bengale, dont il lui donna plus tard la souveraineté, traita généreusement l’empereur du Mogol, éleva en moins de dix ans la compagnie d’un mauvais fort de refuge à Calcutta à la souveraineté du plus riche des royaumes du monde, et écrasa enfin la France redoutable et rivale.

Marcher de Madras à Calcutta, soumettre le Bengale, dépouiller l’empereur du Mogol, Clive fit tout pour l’Angleterre ; gardant l’initiative de l’audace et de l’action, libre sous les tropiques, il rapporta sa conduite à un but unique, la puissance et la gloire de son pays.

  1. À seize milles de Calcutta. Il était né en 1725. Mort en 1775.