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le peuple anglais, à l’aristocratie héréditaire, marche de l’égalité à la noblesse avec une grandeur propre et philosophique ; elle a eu la jeunesse d’Henri IV, des compagnons rustiques et l’air des montagnes.

En quoi la tragédie d’Athalie ou l’éloquence du cabinet ont-elles servi aux masses ? Si les hommes précieux sont en petit nombre, comme les perles et les diamans ; s’il faut compter séparément le peuple et l’individu ; si la nature, Dieu, cette puissance dont la pensée est visible ici bas, a mis une telle inégalité entre l’esprit des hommes, qu’on a dit justement qu’il y a plus de distance d’un homme à un homme que d’un homme à une bête (fait énorme), certes Dieu a eu son intention, et nous ne pouvons cesser de le répéter : Quelques lois primitives imposées à l’homme deviendront toujours plus claires avec la civilisation.

Quand jadis on a compté les quartiers de noblesse, on a bien fait pour les temps. Notre aristocratie fera de même : tel quartier de noblesse intellectuelle ne vaudra pas tel autre quartier ; on tiendra son rang ; le rang alors fut figuré, mais Dieu a vraiment rangé les hommes, et la civilisation consiste à trouver ces rangs et à les discipliner.

Du temps de Dante, les hommes qui gouvernaient Florence avec lui avaient le mérite et le patriotisme ; point de citoyens plus dévoués ni plus désintéressés. Ils succombèrent parce qu’ils n’avaient ni prestige, ni moyens matériels pour suppléer à une fermeté trop rare chez les hommes[1].

Quand la richesse existait, on la représentait ; en opposition au peuple pauvre on mettait des seigneurs

  1. On trouvera ces vérités plus frappantes dans un essai sur l’Histoire de la République de Florence que nous achevons maintenant.