Page:Allart - La Femme et la democratie de nos temps.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
116

hommes, ne pourrait-on réformer le catholicisme absurde qui nous reste ? Gênant l’action du gouvernement au lieu de l’aider, la religion est contre nous si elle n’est pas pour nous, quoiqu’elle vaille mieux sans doute ennemie que mal réformée. La France paie vingt-sept millions pour une foi qui prêche les mêmes choses qu’avant 89. Vingt-sept millions ! que c’est peu pour le culte des vertus et des dieux ! mais c’est trop pour Rome. Pourquoi ne pas marier à nos prêtres ces charmantes sœurs de la Charité qu’on voit à Saint-Roch dans leurs habits sévères et modestes ? Pourquoi la femme du prêtre ne serait-elle pas prêtre aussi, avec un habit religieux, des mœurs charitables et la charge de confesser les filles ? Croira-t-on sans douleur que, dans cette France éclairée, il y a encore vingt mille malheureuses filles enfermées dans les couvens ? Rien de moins chaste qu’une chasteté forcée. Les hommes d’un naturel tendre, que le train du monde fatigue, se chargeraient d’instruire leurs semblables, de leur parler de Dieu ; et, laissant la religion protestante aux peuples positifs du Nord, nous conserverions la tendresse de notre culte et la beauté de nos cérémonies.

Pour gouverner l’homme, Dieu s’est servi avec énergie de la douleur ; rêne du coursier qui lui résiste, plus puissante que le plaisir, il exerça par elle, sur les êtres énergiques, une inflexible autorité, les poussa à l’amour ou à l’action par des tourmens, attaqua leur raison dans son siège, au cerveau, les environna de sombres horreurs dont il fallait sortir à tout prix, les força entre la mort ou sa volonté. Ô pouvoir formidable qui nous tient chétifs et tremblans dans sa main pour quelques jours d’une force esclave, précédée de l’imbécillité et suivie de la mort !

Les tortures prodiguées à la nature qui combat ne se trouvent jamais dans la nature laissée à son propre cours. Eh ! que penserions-nous de sa sagesse si