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CHAPITRE IX.


Rousseau a dit que les hommes dépendaient des femmes par leurs désirs, et les femmes des hommes par leurs désirs et leurs besoins. Ceci est vrai jusqu’à un certain point ; car si beaucoup de femmes vivent de leur travail, celles-là du moins sont indépendantes des hommes pour leurs besoins.

Le travail est un des premiers motifs qui ont donné le pouvoir à l’homme. À tout moment nous trouvons la raison de ces lois primitives que la civilisation nous mène à modifier. L’homme eut le soin des batailles et la culture des terres ; la femme fut pauvre. Partant de sa faiblesse véritable, on n’admit pas les exceptions qui se rencontrèrent. L’homme gagna du pain, tandis que la femme filait. Cependant les femmes intelligentes et absolues surent s’emparer des affaires de la maison et de la boutique, montrèrent plus de capacité que leurs maris ; et, tandis que d’autres femmes devenaient reines et guerrières, celles-ci eurent des comptoirs et des magasins. L’esprit de la femme se trouva propre au commerce. À quoi d’ailleurs comparerons-nous mieux les femmes frivoles de la société qu’à des lingères ? Ces femmes sont tout-à-fait semblables à leurs marchandes ; la journée des unes et des autres s’écoule de même ; leur langage à chacune est affecté et ridicule. C’est à un commerce plus difficile et plus important que nous appelons les femmes intelligentes. Dans une société où l’égalité règne, et avec elle la pauvreté, il ne faut pas que les femmes bien élevées craignent de faire le commerce ; c’est par le travail qu’elles seront libres et qu’elles se feront aimer. Le commerce de la librairie pourrait passer dans leurs mains. Il vaut mieux vendre des livres pour vivre que d’en faire. L’homme aime