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en vain, par Caton ; brigue pour les charges, achat des voix par les candidats. Ceux qui briguaient le consulat faisaient des emprunts si considérables pour acheter les voix, que l’intérêt de l’argent en montait. Pompée dissimulait son ambition, mais une foule d’hommes secondaires se mettaient en rivalité avec les autres. Milon, Hipseus et Metellus Scipion se disputèrent le consulat avec une fureur jusqu’alors inconnue, chacun ayant sa troupe, et livrant de sanglans combats, Milon dépensant trois patrimoines en largesses, en jeux, en spectacles pour le peuple. Si César brilla par son audace, Cicéron montra une ame et une intelligence supérieures. « Comptez, écrivait-il à Atticus, que je ne traiterai avec César que d’égal à égal. » D’un côté, la gloire des armes et ces batailles fameuses où les Romains combattirent les uns contre les autres ; de l’autre, l’éloquence, la vertu, l’amitié, des citoyens comme Cicéron, Caton, Brutus, Hortensius, Atticus, une estime profonde de ces hommes les uns pour les autres, la gloire obtenue de son vivant avec tous ses honneurs. Cicéron gouverna la Cilicie. « Je rends la justice à Laodicée, écrit-il à Atticus, et Plotins la rend à Rome. Quel contraste ! Mon armée est très faible, ce n’est point là ce que j’aime. Je regrette le grand jour de Rome, la place publique, ma maison, mes amis, voilà ce qui me convient. » Dans une autre lettre il dit à Atticus avec une tendresse admirable : « J’ai un esclave qui vient à Tusculum tous les jours, et si vous vouliez vous pourriez m’écrire tous les jours. » Les événemens sont empreints d’une tristesse profonde ; le sénat romain va errer avec Cicéron sur les rivages de Naples, fuyant César, violateur des lois. La jeunesse, perdue de dettes et de débauche, que ce vainqueur coupable traînait avec lui, laissait à Pompée l’avantage du civisme et de la dignité qui justifiait le nom de Grand donné à sa jeunesse par Sylla. César, modèle des rois par sa clémence, dicta-