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l’action à l’émotion. Quand les affaires tombèrent dans des mains ignorantes et grossières, ce fut encore Rousseau qui domina ; son nom plébéïen plane sur la révolution ; son style, ses idées se trouvent dans toutes les bouches ; il inspira la médiocrité et le génie, Robespierre et Mirabeau.

Ces multitudes qui veulent dicter la loi ne font jamais que répéter ce qu’un grand homme a dit ; quand Rousseau prétendit dans le contrat social que toute voix dans l’état avait une valeur égale, il poussa le pays à cette égalité où l’on veut arriver ; le peuple avait souffert, on ne songea qu’à son bien-être ; on vanta son instinct, son nombre ; le corps public se forma, mais la tête, la pensée publique fut négligée avec la science et les hommes d’élite. Aussi, quand un grand homme parut bientôt, il s’empara des masses, et, ne trouvant nulle science dans le pays ou se former ni qui lui résistât, il changea à sa fantaisie la société, et établit un pouvoir absolu.


CHAPITRE XXV.


Ce que l’Angleterre avait le mieux soigné, c’était la science, que la France oubliait ainsi. Quand, en France, une justice brute était prêchée, à Londres une justice conventionnelle et savante faisait la force du pays. Le bas peuple votait ; mais une petite classe d’élite avait les terres et le soin de la politique. C’est cette classe qui a conduit si savamment et si glorieusement les affaires depuis que l’Angleterre joue un grand rôle.

Comme l’homme est rarement propre à voir les généralités, et que cela ne convient qu’à quelques