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son appui, pourra-t-elle, sans être submergée, recevoir une si grande secousse ? Mille beautés ressortent de ces institutions : la science y laisse subsister l’énergie vulgaire ; la vitalité est partout ; la réforme s’opère sous l’égide de la loi ; l’orage gronde, mais Jupiter tient la foudre.

Quelques élections eurent la plus grande importance ; en France, dès que les événemens sont importans, c’est qu’on est sorti de la légalité ; en Angleterre, l’importance est dans la légalité même. La session s’ouvre et commence par une défaite du ministère sur la nomination du président ; une défaite dès le premier jour. Le ministère espéra malgré cet échec ; les radicaux voulaient refuser les subsides, et déjà M. Hume se préparait, lorsque lord John Russel le fit prier d’attendre, et réunissant toutes les forces contre le bill d’Irlande, renversa le ministère sur cette question. Alors sir Robert Peel vint à la chambre résigner sa place avec un regret qu’il ne cacha pas.

Jamais l’Angleterre ne brilla d’un éclat semblable à celui qu’elle a de nos jours, avec un peuple qui s’éveille et une aristocratie menacée, la science aux prises avec la justice. Ici observons comme les institutions vigoureuses mènent loin l’intelligence et les passions des hommes. Les Anglais, comme les Romains, ont uni les plus grandes choses ; une existence civile très forte et des armées indomptables, le négoce et l’aristocratie, la liberté et la conquête. Bien plus ! à mesure que leurs forces se sont accrues dans les quatre parties du monde, le peuple s’est éclairé à l’intérieur. Quand les Romains eurent conquis l’univers, ils avaient perdu tout ressort pour se régénérer, et la république ne trouva pas d’institutions pour la monarchie. En Angleterre, au moment où les Indes se constituent, cinq cent mille électeurs de plus entrent dans la constitution, un parti radical se forme,