Page:Allart - Les Enchantements de Prudence.djvu/22

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les beautés de l’univers, dans leur grandeur et leur mélancolie. Il vient à vous, ô Dieu ! il vous contemple du fond de son exil, du sein des émotions qui nous rappellent à vous, impressions saintes et passionnées de l’automne, ciel sombre et pourtant aimé, douce pluie, plus chère que la rosée du matin, soir du jour, auguste comme le soir de la vie, fort de même, comblé de souvenirs, de calme, d’espérances !… Mais les émotions finies, les passions envolées comme ces tristes nuages, nos pleurs amers et doux, notre jeunesse exaltée, de même que la matière se transforme et reste indestructible, de même ces émotions invisibles, ces délices de l’âme nous seront-elles rendues ?… Nous rendrez-vous ces jours sacrés, par lesquels notre vie fut lumineuse, et qui vaudraient seuls la peine de la recommencer ? »

On le voit, cette âme que l’amour a remplie, mais qu’il n’a point brisée, aspire à l’amour encore dans une autre existence. Elle a beaucoup souffert et beaucoup pleuré, mais elle a beaucoup aimé et c’est dans ce souvenir qu’elle se retrempe et se réjouit. Il faut lire toutes ces prières très-originales et d’une forme sui generis qui a son charme. Il en est une, où elle demande à Dieu de bénir ses saints de l’Occident. « Non-seulement saint Thomas, Pascal, » mais encore les philosophes du siècle dernier qui « ont placé Dieu au sommet de tous les cultes.