Page:Allart - Les Enchantements de Prudence.djvu/24

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Ici notre énergie prend son essor ; ici, à quelque hauteur que nous atteignions, nous serons toujours bien loin de vous ! Quelle force et quelle grandeur en nous ne sont effacées par les idées de force et de grandeur que nous trouvons dans votre nature infinie ? Qu’il est doux, qu’il est saint de s’abandonner ainsi en liberté devant vous, aux rêves de beauté que vous avez déposes dans notre imagination ! » Ne croirait-on pas lire une prière parfaitement orthodoxe, et le curé de ce village ne doit-il pas être très-fier de voir une dame d’un si rare mérite agenouillée et profondément recueillie dans son église ? Il prête l’oreille, il s’émeut, il admire et il a raison. Il est attendri, édifié comme il ne l’a peut-être jamais été. Peut-être n’a-t-il jamais pu trouver en chaire, quand il prêchait devant les seigneurs d’alentour, de si beaux mouvements et de si nobles raisons d’adorer le Dieu qu’il sert. Mais quoi ? qu’est-ce donc ? Ses oreilles ne le trompent-elles pas ? Est-ce l’ange, est-ce le démon qui parle : « Dieu ! loin de consacrer dans un seul culte ces puissances d’adoration et d’exaltation, vous les avez accordées au Nord comme au Midi, et l’Asie et surtout les Indes les ont connues comme les chrétiens. Ainsi votre esprit divin revêt les formes nécessaires et ressort immortel de ces formes ! » Le bon prêtre se voile la face et s’enfuit en tremblant.

Mais le spiritualisme sans culte déterminé aime cette