IV
Un soir, chez madame Davilliers, je causais avec Jérôme ; je lui dis quelque chose qui le choqua sur la morale politique ; il releva mes paroles ; c’était encore dans le genre de cette première conversation sur Frédéric II que j’avais eue avec lui, au Vallon, quelques années avant, la première fois que je l’avais rencontré. Nous nous quittâmes, lui mécontent, et moi inquiète de son blâme ; je le voyais là tous les dimanches, et nous causions ensemble presque toute la soirée. En rentrant, je lui écrivis pour m’expliquer. Je disais que se servir de l’immoralité en politique, c’était employer, pour construire, des moyens destructeurs, et que sans doute il ne m’avait pas bien comprise. Le jour suivant, je sortais vers deux heures, lorsque je le rencontrai près de la maison ; je lui dis que je venais de lui écrire une longue explication ; il me la demanda ; je la lui promis, et, quand je le revis le dimanche suivant, il vint et, me dit tout bas :
— Savez-vous que vous m’avez écrit une très-belle lettre ?
— Est-elle belle ? je n’en savais rien. 11 me dit qu’elle était belle, vraie, excellente ; il avoua ne m’avoir pas bien comprise , l’autre fois, et me demanda à venir me voir chez madame Bertrand. Je le lui permis,