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SUR TALONS ROUGES

Mattacchione reconnut, au centre de la croix, les armoiries des Ducs de l’Ardenza et de l’Antignano. Il se sentit le cœur serré de tristesse, il ne sut pourquoi.

— À présent, je te quitte, Aldo. Je vais dire adieu à la petite Asolane ; elle sera contente : désormais je ne la tourmenterai plus la nuit… Si tu savais comme elle aime son époux !… Adieu !… Le Paradis m’est ouvert.

Et avant que Mattacchione eût pu lui faire une dernière caresse, elle s’enfuit vers le château.

Le lendemain matin, Mattacchione prétexta des affaires urgentes en Toscane, et quitta précipitamment ses hôtes de la Vénétie.

Les musiciens entamèrent encore un air gai.

Le dîner était fini ; il avait été long et ennuyeux, malgré les phrases charmantes de bienséance que débitait l’Abbé Sarabande.

M. l’Abbé mit une main sur la hanche et, tout en se dandinant, regarda Mattacchione, très attentivement, à travers son binocle.

— Décidément, mon cher pupille, l’air de la Vénétie ne vous convient guère. Vous avez l’air pâle et mélancolique.

Mattacchione était plongé dans une profonde rêverie.