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de la Charte, qui exigeait le renouvellement annuel, et par cinquième, de la Chambre élective. Le renouvellement intégral de cette assemblée est prononcé, et la durée du mandat des députés comprendra sept années.

Cette mesure est une de celles qui ont le plus fait pour précipiter le gouvernement de la restauration. On voulait éviter la fièvre électorale renaissante chaque année, et on s’expose à l’explosion de l’opinion interrogée à la fois sur tous les points de la France. On croit s’assurer le temps de faire les lois qui mettront à l’abri de tout danger l’autorité prépondérante de la couronne ; et on oublie qu’on se prépare une plus violente réaction dans les esprits, à l’époque du renouvellement de la Chambre ; en un mot, on s’imagine faire une loi monarchique, et l’on en fait une républicaine. On s’est laissé égarer par une imitation insensée de l’Angleterre, où l’aristocratie, maîtresse de faire durer toutes choses, avait établi la septennalité par une loi.

Le danger vers lequel marchait la couronne fut admirablement signalé à cette époque, par le plus profond orateur de la Chambre. M. Royer-Collard tenait ce langage aux ministres :

« Le parlement anglais peut tout, parce qu’il a tout fait. Il peut changer la religion de l’État, car il l’a changée ; transférer la couronne, car il l’a transférée. Qu’avez-vous à emprunter de là, mandataires non des siècles, mais d’une charte qui n’a pas deux fois les sept ans que vous vous arrogez contre elle ; vous, pouvoir écrit, et qui vous êtes vu écrire ? »

Louis XVIII descend dans la tombe : son plus grand titre auprès de la postérité sera dans toutes les fautes qu’on lui a conseillées et qu’il n’a pas faites. Son successeur va réparer les heures perdues ; il s’empressera, comme impatient d’être soulagé du poids de la cou-