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de la démocratie nouvelle.

Dès que la fortune l’abandonna, les siècles qui étaient derrière son trône et qu’il écartait avec son épée s’élancèrent dans leur route naturelle ; les idées et les sentiments qu’il avait comprimés éclatèrent de nouveau ; nous ôtàmes le signet à l’endroit où il avait suspendu notre histoire nationale ; et nous lûmes sur la feuille suivante la Charte de 1814.

Mais, quand bien même Napoléon eût achevé tranquillement son règne ; que son fils, assis dans le trône à sa place, eût gouverné selon les mêmes maximes et fait sucer aux générations naissantes les habitudes de la monarchie absolue, la révolution ne se fût pas arrêtée : nous ne serions pas remontés dans la nuit du passé. Nulle puissance humaine ne peut abolir la loi qui meut les esprits.

Il est toujours à chaque époque trois générations : celle des vieillards, des hommes mûrs, et des enfants. On ne saurait les empêcher de communiquer entre elles ; et au moment où le législateur veut opérer un changement qui fait violence au progrès, les vieillards ont déjà communiqué l’esprit des choses qu’ils ont vues aux hommes mûrs, et ceux-ci en légueront à leur tour le souvenir à leurs enfants.

Du reste, tant que nous aurons des bibliothèques, nous connaîtrons la borne où s’est ar-