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de la démocratie nouvelle.

passion, n’est pas instituée dans le détail. Il y a vide et défaillance dans l’application de tous les principes posés par la Charte de 1830. La vie abonde au centre, pleine, riche, ardente, et elle finit là. Je ne demande pas mieux que la vie politique souffre des limites ; mais la vie nationale, celle qui peut éclater sous tant de formes diverses, et sans danger pour l’État, la vie communale, la vie judiciaire, la vie scientifique, on ne les trouve nulle part assorties avec étendue au mode de nos libertés centrales : la lumière et la chaleur ne se prolongent sur aucun point de la circonférence. On fait de la capitale un seul et immense foyer dont les feux n’ont point d’issue. Cette situation me parait fausse et dangereuse ; dangereuse surtout parce qu’elle est fausse ; elle ne peut durer. Il faut absolument ou rétrograder vers l’ancienne monarchie, je veux dire vers un pouvoir royal, démesurément fort, ou avancer vers l’organisation pratique, sur toute la face du royaume, des libertés de détail et de localité, qui, loin de compromettre la couronne, la rendraient sûre contre les ambitions errantes et les talents méconnus ou trop enflés d’eux-mêmes[1].

  1. On trouvera dans le cours de cet ouvrage de plus amples explications de notre pensée. On s’abuserait étrangement si l’on nous supposait l’opinion que la France