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de la démocratie nouvelle.
CHAPITRE II.
examen des siècles passés sous le rapport de la morale.

Nous entendons pousser de grands cris contre les mœurs abandonnées de notre siècle. On parle de prodigieux dérèglements, d’infernale dépravation, de rupture imminente de l’économie sociale. Cette indignation et ces alarmes n’ont rien qui nous étonne. Chaque siècle pleure sur lui-même et se dénonce, en se calomniant, au siècle qui va le remplacer. Telle est la pente du cœur humain. Nos aïeux et nos pères ont exhalé tour à tour les mêmes plaintes ; et nos enfants élèveront un jour la voix pour maudire la corruption de leur siècle. Mais je demanderai aux détracteurs de notre état de société, à quelle époque ils auraient préféré de vivre.

Je leur fais grâce des premiers siècles de la monarchie, et du moyen-âge tout entier. Ils ne peuvent regretter ces temps d’ignorance et de chaos, de discordes intestines, de crimes et de misères épouvantables, où tout château, était forteresse, tout seigneur roi, tout Français oppresseur ou esclave. En avançant jusqu’à la fin du xve siècle, nous arrivons aux règnes de Louis XI et de Charles VIII, son successeur,