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de la démocratie nouvelle.

main, et un crucifix de l’autre, prennent leur part dans les fureurs de la guerre civile.

Bénirons-nous, au nom de la morale, le règne de Henri IV, de ce prince à jamais cher à la nation par son grand cœur, mais dont les hautes qualités n’ont jamais mieux triomphé qu’en obtenant grâce pour les détestables exemples que donnaient à la nation son amour pour le jeu, les dérèglements sans fin de son âge mûr, et les galanteries despotiques de sa vieillesse ? Regretterons-nous ces temps où les habitants de Paris étaient obligés de sortir en armes sous peine d’être dépouillés et assassinés, et ou ils ramassaient chaque matin les restes des nombreuses victimes qu’avaient faites, pendant la nuit, le brigandage ou le fanatisme ?

Les meurtres, les violences, les vols se prolongent sous le règne de Louis XIII. Les lois sont sans force : mélange de la jurisprudence et des coutumes romaines, elles-mêmes servent à se détruire. L’esprit de chicane éternise, sous leur ombre, l’oppression du faible : ce que les nobles craignent le plus, c’est de sembler les craindre. Ces grands sont-ils forcés de faire leur paix avec la cour ? ils la lui vendent. Les prélats outragent la paix du sacerdoce et commandent des armées. Les mœurs de la bourgeoisie se ressentent de la corruption des grands. Les mémoires