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livre i, chap. ii.

dont les mœurs auraient été pures, fût tombée tout d’abord dans l’horrible corruption qui a signalé la régence. Les premiers libertins du xviiie siècle avaient été nourris sous Louis XIV : on imaginera, par ce qu’ils ont fait, les leçons et les exemples dans lesquels ils avaient été bercés.

Loin de moi la pensée de retirer à ce siècle fameux d’admirables caractères, de sublimes éclairs de vertu et de piété, de vives images de la perfection humaine. Mais nous y regardons les masses plus que les particuliers ; et ce qui a fait jusqu’à présent monter jusqu’aux nues la louange de ce siècle, c’est qu’on l’a vu seulement sous la figure de quelques grands hommes qui ont caché le reste du tableau dans la lumière de leur gloire.

Louis XV est monté sur le trône. Ce n’est pas son règne qu’on regrettera en ce qui regarde l’honnêteté de la vie, et je n’effaroucherai pas la pudeur jusqu’â en tracer la peinture. Cette époque nous mène enfin aux jours de la révolution, puis au temps du directoire : il s’en faut de beaucoup que la société, émue jusqu’en son fond par tant d’orages, fût alors dans un état favorable à la tempérance des mœurs. Mais nous mettons le pied dans le régime impérial ; et les hommes du règne de Napoléon sont nos pères ; c’est nous-mêmes. Nous voici revenus en face du