Page:Alletz - De la démocratie nouvelle, ou des mœurs et de la puissance des classes moyennes en France - tome II.djvu/208

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bonheur et de la liberté, serait goûté par le plus grand nombre possible, chez toute nation où s’établirait, avec la plénitude de ses effets sociaux et religieux, une polycratie monarchique, provinciale et catholique.

J’entends par polycratie non une république, mais un État où l’égalité chrétienne est consommée dans les lois et dans les mœurs ; par monarchie, le pouvoir, quelque diminué qu’il soit, d’un roi qui fait exécuter les lois ; par provincialisme, non pas toujours la division du territoire en cantons souverains, mais aussi les plus hautes proportions du régime provincial ou départemental ; et par catholicisme non l’exagération des opinions ultramontaines, mais la majesté d’un culte vénérable qui sait fleurir sur les terres libres comme à l’ombre des trônes.

Nous voyons dans ce gouvernement le dernier terme de la civilisation des peuples, le point extrême où se peuvent confondre tous les progrès religieux et politiques, le couronnement des longues fatigues de l’humanité.

En effet, il est certain que l’égalité et la liberté politique sont conformes à la marche de l’esprit humain, au cours des intérêts publics, à la justice de la Providence ; mais si la démocratie qu’elles amènent est privée de frein et de tempérament, voilà mille malheurs qui naissant