Hérat, et de là faire marcher ses troupes sur l’Inde, plus vite que l’Angleterre ne pourrait y faire parvenir les siennes.
C’est dans la prévoyance d’un tel danger qu’elle se hâte de s’assurer, par la Méditerranée, l’Euphrate et le golfe Persique, une route plus courte vers Calcutta. Par là elle se mettrait en mesure de porter plus rapidement des troupes sur le point menacé.
Il y a cependant un obstacle sérieux, qui peut arrêter longtemps les Russes dans leurs progrès vers la Perse et l’Inde : cet obstacle est dans les lieux et dans les hommes. La nature a tendu, sur un espace de mille lieues, entre la mer Caspienne et l’Euxin, une chaîne de rochers qui a préservé autrefois l’Europe méridionale des excursions des hordes barbares qui habitaient la Tartarie orientale et la Sarmatie du nord ; ce rempart du Caucase ne s’ouvre qu’en deux défilés, qu’une poignée d’hommes pourrait défendre contre une armée.
Cette chaine de montagnes est habitée par les tribus circasses, qui ont donné des princes à l’Asie-Mineure et à la Mésopotamie, des ministres et des visirs à la Porte et à l’Égypte, et qui unissent l’esprit belliqueux à l’énergie du caractère, l’ouverture de l’esprit à la passion de l’indépen-
