Page:Alletz - Harmonies de l’intelligence humaine, tome 2.djvu/256

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251 du ciel, l’écume lancée au loin par leurs flots qui tourbillonnent, les nuages de vapeur qui les enveloppent et où se reflète de tous côtés, avec les nuances de l’arc-en-ciel, la lumière du jour ; le bruit terrible et monotone de leur chute, voilà comment se montre ici l’existence communiquée par Dieu à la matière. La grandeur du spectacle nous subjugue et je ne sais quel vague effroi ajoute à notre admiration. Précipités dans ce gouffre, que deviendrions-nous ? Ce que devient une paille, qui, jetée à sa surface, s’éloigne et se perd dans la cascade rapide. Cette pensée, née de l’instinct qui nous attache à la vie, nous remplit de la fragilité et de la petitesse de notre être (1). D’où viennent ces eaux frémissantes ? Nous les voyons rouler de rocher en rocher ; leur murmure ébranle les échos d’alentour ; elles se poussent entre elles sans interruption et paraissent intarissables : nous n’apercevons pas leur origine tout ce que nous savons d’elles, c’est qu’elles se précipitent, grondent et s’écoulent. Quelle force irrésistible les amène en ce lieu ? nous voudrions savoir l’usage auquel les a réservées la pensée qui les gouverne. Pourquoi cette profusion de nappes liquides, cette violence, ce bruit, tout cet effort ?

(1) Idée d’existence.