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298 ser ni l’aplanir. S’il imite la forme tantôt des vallées et tantôt des montagnes , c’est aux vents du ciel qu’il obéit, et encore ne garde-t-il qu’un moment la figure qu’il reçoit.

Facile à soulever, il retombe bientôt, et cédant à son poids, reprend son niveau majestueux. Aucune forme ne lui reste parce qu’il peut prendre toutes les formes. L’homme passe , et le léger sillon que son navire a creusé disparaît aussitôt. Toujours libre dans son immensité, la mer sera encore à la fin des temps ce qu’elle fut au premier jour du monde. Comme le soleil et les étoiles, cette œuvre de Dieu se montre à nous, telle que la virent les premiers nés du genre humain (1).

Aussi obéissante que l’astre du jour qui se lève et se couche aux mêmes points du ciel, la mer connaît l’heure de sortir de son lit et d’y rentrer; sur sa surface, impatiente de toute marque de domination, la route du navigateur n’est révélée par aucun signe, mais il la trouve écrite dans le firmament ; guidé par la boussole, il vogue vers l’extrémité du monde avec la même confiance que si ses yeux pouvaient entrevoir le port dont il est séparé par une distance incommensurable ; et comme si ce n’était point assez des voiles qui rendent les vents complices de notre victoire, il fallait

(1) Idée d’éternité.