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du vieillard peut-être parce qu’elles sont moins
désintéressées. On s’aime dans sa femme, on revit
dans ses fils puis ces attachements ont accompagné
le cours de la vie, l’âme y est façonnée, elle
en a reçu l’empreinte profonde c’est une impulsion
déjà ancienne à laquelle on se laisse aller ; mais,
pour aimer de nouveaux objets, il faudrait faire
un mouvement au dehors, sortir de soi, se mettre
en des rapports non encore essayés toutes choses
qui étonnent et fatiguent, à l’âge du repos et des
habitudes.
Il est une chose plus redoutée que la mort pour le vieillard qui a conservé sa compagne dévouée : c’est de lui survivre. Elle est la vivante histoire de sa destinée, le souvenir de lui-même sous une forme chérie, la moitié, ou, pour mieux dire, le redoublement de son être. Sans elle, il ne croirait pas à son identité. Sa présence lui vaut mieux que le rayon de soleil qui le réchauffe ; elle le distrait, le console, le soigne, l’écoute s’il raconte, le plaint s’il souffre. A-t-il cessé de voir ? sa main le guide ; d’entendre ? son geste lui parle. Sa mémoire languit-elle? la voici prête à lui rendre les dates ou les images qui s’effacent. Pour lui elle combat le temps et travaille chaque jour à réparer, comme dans une ville assiégée, les brèches que fait l’ennemi. Elle connaît mieux que lui ses besoins, devine ce qu’il désire, ne refuse que ce qui nuit, et