Page:Alletz - Harmonies de l’intelligence humaine, tome 2.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

328


nesse ne sont plus que des noms qu’il se plaît à citer. Une longue vie est semblable à ces voies romaines où les distances étaient bornées par des tombeaux.


Glissons sur le sort du vieillard célibataire. Habitué toute sa vie à ne s’occuper que de lui-même, c’est dans l'égoïsme que s’est réfugiée son âme. Son unique plaisir est de réussir à n’être pas pillé par les mercenaires qui le soignent : ceux-ci le flattent et le caressent pour être couchés dans son testament, et se plaignent tout bas de ce qu’il tarde à mourir.


Quand l’esprit est vif et le cœur ardent, on oublie qu’en vieillissant on a perdu la faculté de plaire. Le soleil brille encore sur des monts couronnés de neige. On n’a pas cessé d’être sensible à la beauté. Les passions qui durent, les idées qui animent, les sentiments qui vivifient, renouvellent le miracle de Josué et arrêtent la course du temps ; mais le vieillard dont le cœur se règle sur une autre date que l’époque de la naissance, reçoit des leçons un peu dures qui rectifient son calcul. Alors il semble qu’il y ait dans un seul être deux personnes distinctes dont l’une nuit à l’autre ; celle-ci est intellectuelle et intérieure, celle-là corporelle et visible ; et le cœur tendre et passionné se plaint