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nesse ne sont plus que des noms qu’il se plaît à
citer. Une longue vie est semblable à ces voies
romaines où les distances étaient bornées par des
tombeaux.
Glissons sur le sort du vieillard célibataire. Habitué
toute sa vie à ne s’occuper que de lui-même,
c’est dans l'égoïsme que s’est réfugiée son âme.
Son unique plaisir est de réussir à n’être pas pillé
par les mercenaires qui le soignent : ceux-ci le
flattent et le caressent pour être couchés dans son
testament, et se plaignent tout bas de ce qu’il tarde
à mourir.
Quand l’esprit est vif et le cœur ardent, on oublie
qu’en vieillissant on a perdu la faculté de
plaire. Le soleil brille encore sur des monts couronnés
de neige. On n’a pas cessé d’être sensible à
la beauté. Les passions qui durent, les idées qui
animent, les sentiments qui vivifient, renouvellent
le miracle de Josué et arrêtent la course du temps ;
mais le vieillard dont le cœur se règle sur une
autre date que l’époque de la naissance, reçoit des
leçons un peu dures qui rectifient son calcul. Alors
il semble qu’il y ait dans un seul être deux personnes
distinctes dont l’une nuit à l’autre ; celle-ci
est intellectuelle et intérieure, celle-là corporelle
et visible ; et le cœur tendre et passionné se plaint