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DISCOURS PRÉLIMINAIRES.

une ambition naturelle d’atteindre un bien qui est le prix de la volonté persévérante et du mérite incontestable : chacun cherche à conquérir le poste placé au-dessus de celui qu’il occupe, ou à défendre contre ses inférieurs la place qu’il a obtenue. Cette émulation perpétuelle entretient dans les cœurs les sentimens de l’espérance et de la crainte, qui sont les deux grands ressorts de l’activité humaine.

Le commerce n’existe point sans industrie, et l’industrie, sans travail. Le travail aiguillonné par la jouissance de la propriété et l’espoir fondé du bénéfice occupe toutes les classes de la société, depuis le commerçant, dont les vaisseaux font voile vers les diverses régions du globe, jusqu’au simple artisan qui doit à la force de ses bras le pain de sa journée. En outre, le commerce a des alternatives de gain et de perte qui tiennent en haleine les imaginations ; l’attente des décisions capricieuses de la fortune préoccupe les pensées ; le sort de demain est inconnu, et il n’y a pas plus de bornes à la chance de la ruine qu’à celle de l’agrandissement. Le commerce et l’industrie s’offrent donc comme des véhicules de ce mouvement qui fait le repos de l’État.