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DISCOURS PRÉLIMINAIRES.

mente les ames ardentes qui se cherchent, se demandent mutuellement le bonheur, et se fuient bientôt, dégoûtées des imperfections qu’elles se reprochent, emportées par le souffle de leur propre inconstance, et attirées par l’appât du changement à la misère d’un vide et d’une solitude éternelles. Les liens les plus sacrés sont dédaignés, profanés ou rompus dans le désordre et la confusion qui suivent ce tourbillon de passions et de caprices. Les cœurs faibles et sensibles tombent dans le déshonneur, comptent une heure de plaisir, et traînent dans le repentir les restes de leurs belles années. D’autres, plus purs et non moins tendres, se réfugient dans un rêve et cherchent silencieusement dans les fictions des poètes un fantôme de l’objet qui leur manque. Le plus grand nombre des esprits désœuvrés demandent à une littérature dépravée des remèdes assortis à leurs misères. Égarés par un besoin perverti du merveilleux, ils se délectent dans le bizarre, le gigantesque et l’horrible. Il n’y a plus que le doute qui, par sa grandeur confuse, remplisse le cœur et y produise un certain sentiment de l’infini. Les systèmes religieux, philosophiques, moraux, scientifiques, s’amoncèlent, se combattent, s’évanouissent et renaissent tour à