Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/31

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occidentaux de n’être bonne qu’à provoquer des croisades et de mettre ses adeptes d’Extrême-Orient dans la dépendance des étrangers[1]. Ces derniers griefs sont répétés à satiété : on ne saurait se figurer le rôle que jouent, dans ces polémiques, les bûchers des hérétiques, la guerre de Trente ans, les expéditions coloniales. Les missionnaires sont couramment représentés comme des espions à la solde de gouvernements mal intentionnés[2].

Un de ceux qui mènent cette campagne avec le plus d’entrain est le confucianiste Yasui Sokken. Il y a de tout dans le pamphlet qu’à l’âge de quatre-vingts ans il dirige contre le christianisme[3]. Il y traite de la Bible et des dogmes chrétiens qu’il tourne en ridicule. Son exégèse rappelle celle du dix-huitième siècle français. Il est même permis de supposer qu’elle s’en inspire à travers des intermédiaires de dixième ordre. Sa critique est surtout nourrie des doctrines chinoises. Il se perd en des considérations extraordinaires — ou qui nous paraissent telles — sur l’organisation de l’univers et l’origine des êtres. « La terre et les cinq planètes, explique-t-il pour détruire le récit de la Genèse, ont pour centre le soleil qui est le père et le conservateur de tous les

  1. Cf. Missionary Herald, 1881, pp. 444 et suiv., 509 et suiv.
  2. Cf. Missionary Herald, 1882, pp. 150 et suiv. Voir une curieuse étude sur la presse japonaise et le christianisme dans l’Evang. Missionsmagazin (Bâle), 1882, pp. 72 et suiv.
  3. Ce pamphlet est précédé d’une préface de Shimazu Hisamitsu, l’un des chefs du parti conservateur, mort en 1887 ; il était frère du daïmio de Kagoshima (Satsuma).